Pourquoi une nouvelle approche de la psychologie est nécessaire?

Actuellement, la psychologie présente de nombreux atouts grâce aux récentes découvertes scientifiques et aux nouvelles approches de nombreux experts, mais elle est également confrontée à un certain nombre d’impasses thérapeutiques. D’un côté, la psychologie a permis de comprendre et d’expliquer de nombreux comportements humains en mettant en évidence les mécanismes cognitifs, affectifs et comportementaux sous-jacents. Depuis Freud, en passant par Jung, Erickson, et l’école de Palo Alto, sans oublier les créateurs de la PNL, Grinder et Bangler, cette discipline a connu une prodigieuse évolution renforcée par les découvertes récentes concernant la neurobiologie et le fonctionnement du cerveau humain. Cela a permis de développer des thérapies efficaces pour traiter les troubles mentaux tels que la dépression, l’anxiété, le trouble obsessionnel compulsif et la schizophrénie.

D’un autre côté, la psychologie actuelle souffre de limitations qui l’empêchent de répondre aux défis sociaux et culturels majeurs de notre société occidentale actuelle. En effet, la psychologie a souvent une approche réductionniste, qui se concentre sur des aspects spécifiques de l’individu, isolés les uns des autres, plutôt que de prendre en compte la complexité et l’interaction de tous ces aspects. Par exemple, la psychiatrie, grâce aux traitements médicamenteux, permet une baisse rapide efficace et rapide de pratiquement tous les symptômes répertoriés dans le DSM-V, ce qui est un atout extrêmement important et précieux dans la prise en charge des maladies mentales graves. Mais elle ne permet pas au patient de vraiment dépasser sa pathologie : le symptôme est certes pris en charge, mais pas la structure globale de l’individu, ce qui diminue les chances de guérison. De plus, le traitement par médicament peut s’avérer difficile à vivre pour les patients, qui se plaignent de plus en plus des effets secondaires et de la durée du traitement, qui s’étale parfois sur plusieurs années. Il en va de même avec l’hypnose qui, malgré les formidables avancées thérapeutiques qu’elle permet, ne s’intéresse généralement pas à la structure globale d’un individu : là encore, on cherche à supprimer de manière mécanique le symptôme sans déterminer au préalable la cause de ce symptôme, et sans relier cette cause au reste des problématiques rencontrées par le patient. Une telle approche réductionniste ne prend pas en compte la dimension holistique de l’être humain et de la société dans laquelle il évolue.

Les défis majeurs de notre société occidentale actuelle, tels que l’écologie, les inégalités sociales et économiques, les conflits politiques et les divisions sociales, nécessitent une approche systémique de la psychologie. Le holisme est une approche philosophique et scientifique qui considère que l’ensemble est plus que la somme de ses parties. Cette approche a été développée à partir du 19ème siècle par des penseurs tel que Johann Wolfgang von Goethe, qui a étudié la nature en tant que système complexe et interconnecté. Le holisme a ensuite été adopté par des scientifiques, comme le biologiste allemand Ludwig von Bertalanffy, qui a proposé une théorie générale des systèmes permettant d’étudier les systèmes complexes dans leur ensemble plutôt que de les réduire à leurs parties individuelles.

Une approche holistique de la psychologie propose une même approche systémique de l’être humain. Elle considère que l’être humain forme un tout qui dépasse les capacités d’entendement du thérapeute. Le spécialiste de santé mentale, dès lors, n’est plus un « sachant » qui impose son savoir, mais quelqu’un qui sait qu’il ne sait pas tout de son patient, et qui le prend en compte dans sa pratique. Cette posture permet plus d’humilité et d’humanité dans l’attitude du thérapeute, et donc une interaction plus riche avec son patient, une relation plus soutenante et un cadre thérapeutique plus sain. En prenant en compte les aspects biologiques, sociaux, culturels, émotionnels et spirituels de l’individu, une véritable révolution thérapeutique pourrait voir le jour.

Dans cette vision holistique, les trois centres majeurs qui composent un être humain (à savoir : le centre mental pour les pensées, le centre émotionnel pour les émotions, et le centre instinctif pour le corps) sont alors appréhendés non pas de manière séparée, comme c’est le cas actuellement dans l’approche réductionniste de la psychologie, mais de manière interconnectée : les pensées, les émotions et le corps, l’aspect biologique de l’être, sont perçus comme un tout. Il ne s’agit pas de les traiter à part les uns des autres, mais ensemble, comme une synergie globale du fonctionnement de l’être humain. Cette approche permet de comprendre de manière authentique et profonde les dynamiques complexes et interconnectées qui sous-tendent les comportements humains, les relations interpersonnelles, la santé mentale et le bien-être.

Une nouvelle approche de la psychologie centrée sur le holisme est nécessaire pour répondre aux défis actuels de notre société occidentale, car ces défis, pour être remportés, nécessitent eux-mêmes une approche holistique. Les nouvelles politiques écologiques en sont d’ailleurs une très bonne illustration. Cette nouvelle méthode thérapeutique implique une vision globale et intégrative de l’être humain et de son environnement, ainsi qu’une approche interdisciplinaire, combinant les connaissances de la psychologie, de la philosophie, de la sociologie, de la biologie et de la neuroscience, ainsi que les limites relatives à chacune de ces disciplines. Ainsi il sera possible de développer des thérapies et des interventions plus efficientes pour répondre aux besoins de notre société. J’insiste : des interventions plus efficientes, et non pas efficaces.

Pour que ce changement de paradigme soit possible, il est essentiel que les professionnels de la psychologie et de la santé mentale soient ouverts à cette nouvelle vision afin faire évoluer les formations à l’enseignement de ces métiers. Il est également important que les gouvernements et les institutions de santé admettent les limites de leurs méthodes et repensent la façon d’accompagner les personnes en situation de souffrance psychique, afin de pouvoir proposer des thérapies et des interventions efficientes et adaptées aux besoins de notre société qui ne cesse de se complexifier jour après jour.

Il en va de même envers le grand public, qui devra être sensibilisé, grâce aux médias et la presse, à ces nouvelles approches de la psychologie holistique. Les individus ont besoin d’être conscients de la complexité de leur être et de leur environnement, ainsi que de l’impact que cela peut avoir sur leur santé mentale et leur bien-être. Des informations claires et accessibles à tous sur les différentes approches thérapeutiques devront circuler sur les réseaux sociaux, afin de permettre de choisir facilement quelle approche convient le mieux aux besoins de chacun selon sa vision globale de l’être humain.

Nous ne pourrons pas résoudre les problèmes d’aujourd’hui avec les solutions d’hier. La société de demain peut devenir profondément humaine et morale. Mais pour cela, nous devons accepter collectivement de voir nos échecs et d’ouvrir nos esprits à de nouvelles manières de fonctionner pour pouvoir faire advenir un monde plus tolérant et paisible. Il est temps de repenser la psychologie et de l’adapter aux enjeux actuels de notre monde.

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